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Valises de rêves
6 décembre 2006

Arrivee a Rishikesh

Le train entre en gare d'Haridwar à 4h30. Il fait moins froid que je ne le craignais. Sur le quai sont postés des vendeurs de chaï, des voyageurs emmitouflés de châles et bonnets qui attendent leur train, et 5 ou 6 pèse-personnes clignotants, comme dans les jardins où j'étais hier. Un vieux monsieur monte sur l'un d'entre eux et examine le cadran d'un air très sérieux. Après tout, c'est toujours une bonne chose de connaitre son poids, et à 4h30 du matin, ça fait passer le temps... Je bois un chaï servi dans une petite tasse en terre cuite que les clients jettent sur les quais après usage - je la mets soigneusement dans mon sac, elle fera un joli porte bougie.

La salle d'attente où je vais m'installer pour attendre le lever du jour est réservée aux "Upper class" cette fois-ci. La grande salle est plongée dans la pénombre, des familles dorment par terre sur des tapis. Deux gros ventilateurs immobiles sont accrochés aux hauts plafonds. Une femme au pas trainant fait inscrire aux passagers leur numéro de train dans un immense registre fatigué. Elle allume les lumières, il est 5h et manifestement c'est l'heure de se lever. Les gens se réveillent, les femmes brossent leurs longs cheveux noirs et peignent soigneusement leurs enfants. Un homme se tapote les joues et la barbe avec du parfum, tandis qu'un autre se passe de la crème sur le visage. A 5h30, la femme au registre vient me dire "Il fait jour maintenant, il faut y aller". Sans protester ni vérifier ses dires, je quitte la salle. Il fait toujours nuit noire sur le quai. Au bout d'un moment je sors de la gare pour aller dans un boui-boui boire un thé. Un  couple est installé à une table voisine de la mienne. La jeune femme, vêtue d’un sari rose bonbon, se tourne vers moi et me dévisage longuement des pieds à la tête, jusqu'à ce que son mari lui dise quelque chose et qu'elle se détourne. En quittant le boui-boui, je demande la direction de la station de bus aux jeunes qui tiennent les lieux. C'est tout près. Le sol est caillouteux et boueux, des bus se croisent, les chauffeurs crient à la cantonade leur destination. Les inévitables chauffeurs de taxi et de rickshaws se précipitent vers moi, et quand je réponds que je prends le bus pour aller à Rishikesh, l'un d'entre eux éclate de rire, un autre affirme avec aplomb qu'il n'y a pas de bus. Si, si, je sais qu'il y en a un toutes les 30 minutes. On ne m'aura pas cette fois-ci! Finalement, c'est l'un de ces chauffeurs qui m'indique le bus quand il entre dans la station.

 

Le trajet dure moins d'une heure. Au fur et à mesure que la nuit cède la place au jour, je découvre les premiers paysages de l'intérieur du pays, loin de la capitale. Et quels paysages... Ce sont les premiers contreforts de l'Himalaya qui émergent peu à peu des nuages. Je me pincerais presque. Le jour se leve sur l'Himalaya et je suis là, dans ce bus brinquebalant. Je bois des yeux le décor. Le bus traverse un pont qui enjambe un torrent dont l'eau blanche, écumeuse, évoque les glaciers d'où il descend. De temps en temps le chauffeur écrase les freins et croise de justesse une voiture ou un camion venant en sens inverse, ou manque renverser un piéton nonchalant.

 

Une fois à Rishikesh, je prends un rickshaw jusqu'à la "High bank", la rive haute du Gange. La petite ville sainte s'étale des deux côtés du fleuve et grimpe sur les montagnes qui enserrent le Gange. La couleur de l'eau est stupéfiante. Tout proche de sa source, le fleuve sacré, la Ganga en hindi, est vert jade, limpide, et reflète les temples éparpillés le long des rives. La vue est à couper le souffle. Le rickshaw gravit en pétaradant la route escarpée, jusqu'à un petit groupe d'hôtels nichés dans la végétation. Il faut encore grimper à pieds un petit chemin fort raide. J'ai de la chance, je trouve une chambre pour 150 roupies dans un joli petit hotel, et je peux m'y installer sans attendre midi ni payer de journee supplémentaire... Je vais dormir et découvrirai plus tard ma nouvelle escale.

 

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Commentaires
M
Eh bien, ma chérie, c'est super! sans bouger de sa chaise, on se promène aux antipodes du monde familier qui nous entoure. Bravo! Continue, c'est tout ce que je te souhaite, même s'il arrive des pépins (l'arnaque)! Dont tu t'es bien sortie, bravo! J'ai aimé la vue de l'Himalaya et la couleur "virginale" du Gange. Ici, tout suit son petit cours. Hier, temps superbe, ce jour, pluie. Porte-toi bien. Je t'embrasse bien fort. Mamie.
A
Merci Eléonore pour tout ce que tu écris, tu le fais toujours aussi magnifiquement bien, je sens que ce voyage va débouché sur quelque chose de grand pour toi... Tu peux écrire un livre, je suis preneuse ! Ton courage, ta tenacité aussi, font que moi aussi je suis fier de t'avoir comme amie. Tu as réussi ce que tu désirais tu as cru en toi et ça c'est essentiel. Moi aussi, je suis ton voyage de près, ça fait rêver et ça me fait réflechir. Prends soin de toi.<br /> Je t'embrasse et pense bien à toi.
N
merci pour ce cadeau sans occasion particulière à quelque semaine avant Noël. Quel plaisir de te suivre dans tes aventures. C'est une chance d'avoir un proche qui voyage de manière si généreuse<br /> je te suis avec enthousiasme<br /> je t'embrasse ma petite belle-soeur préférée
C
Bravo Eléonore pour ce journal de voyageuse déjà ultra passionnant. Au fait, as-tu eu de bons contacts avec des magazines avant de partir ? Ça vaut franchement publication sous forme d'article (plus court) ou carrément sous forme de livre-recueil. En tout cas me voilà maintenant lectrice assidue de ton blog. En décrivant les paysages que tu traverses et les gens que tu rencontres, tu nous fais voyager avec toi, et je trouve ça génial ! Prends soin de toi et profite à fond !! Je t'embrasse.
D
J'attends tous les jours avec impatience que tu me fasses paratger ton périple. Je t'ai déjà écrit un message mais comme je n'avais pas écrit d'adresse mail, il n'a pas été envoyé, j'ai donc laissé tomber. Mais je n'en demeure pas moins ébahie chaque fois que je te lis. J'espère que tu vas pouvoir écrire aussi régulièrement que tu le fais actuellement, parce que c'est une source de dépaysement insurpassable, sauf si bien sûr je partais moi aussi. Je suis extrêment fière d'avoir une amie aussi téméraire, curieuse et capable de partager comme tu le fais tes sensations. Bise
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